06 septembre 2024
Du parfum
Une page d'un de mes carnets
Après le cigare, le parfum est mon autre folie. Dans une parfumerie, je suis pire qu’un gosse dans un magasin de bonbons. Les souvenirs que j’identifie comme les premiers et donc les plus anciens de ma vie sont olfactifs.
Distrait et manquant de mémoire à propos de presque tout ce que la vie sociale exige que nous apprenions par cœur, deux choses ne s’effacent jamais de mon esprit : une musique et un parfum ; pour les deux il est d’ailleurs question de notes. Lorsque ma mémoire a en a besoin, c’est un parfum qui peut la restaurer si j’ai du mal à convoquer un souvenir important à inclure dans un récit.
Mon odorat me joue parfois des tours. Si je perçois une odeur inhabituelle, je ne trouve la tranquillité qu’après l’avoir identifiée. Je peux vous dire sans grande marge d’erreur si une souris s’est aventurée dans votre cuisine, ce qui n’est pas un exploit car ce rongeur sent très fort. Le mélange de certaines odeurs qui en forme une nouvelle, par exemple celle du café qui vient de passer et celle des pommes dans leur corbeille, me donne la nausée. En revanche, presque toutes les notes fumées m’ouvrent irrésistiblement l’appétit, y compris un simple feu d’herbe dans la campagne.
Les parfums que j’ai toujours aimé porter sont le plus souvent dominés par des notes boisées en hiver et florales en été. Entre ces deux tendances saisonnières, je suis attiré par l’encens et les agrumes. Je reste donc dans des accords plutôt classiques et j’ai peu de goût pour la mode actuelle de la vanille et autres sirupeuses fantaisies.
Mes critères de choix sont aussi liés à la communication des parfumeurs, ce qui laisse souvent les vendeuses perplexes. Si elles me présentent un parfum qui me plait mais dont la publicité m’indispose, je le rejette, ce qui élimine la majorité des plus connus, beaucoup faisant aujourd’hui référence à toutes les caricatures possibles de la vulgarité la plus grotesque et la plus assumée.
Par exemple, par principe, je ne porterai jamais un parfum qui fait référence au sport, même de manière indirecte, d’autant que le sport m'évoque évidemment les relents peu glamours qui accompagnent cette activité. Il suffit même que le mot sport soit gravé sur un flacon pour que je l'élimine d'office de mon choix, même s'il sent très bon.
Après quelques essais de jeunesse avec des fragrances certes agréables mais trop convenues, je suis resté fidèle à des parfumeurs qui communiquent assez peu voire pas du tout. Certains font même de cette discrétion une stratégie marketing efficace comme la maison de couture Ermenegildo Zegna dont les flacons se méritent, du moins en France.
Je me souviens ainsi d’un autre parfum italien de la gamme Nino Cerruti (Cerruti Classic) désormais introuvable, sauf peut-être sur le marché de la collection, que j’avais acquis la première fois à Venise dans les années quatre-vingt et qui m’a accompagné très longtemps. La marque se contentait de l’exposer chez certains détaillants, y compris en France, sans recours massifs à la publicité. Je ne sais s’il a fini par disparaître à cause de cette tendance au secret si peu en phase avec l’époque clinquante et tapageuse que nous traversons.
Pourtant, pas plus tard qu'avant-hier vendredi, une surprise m’attendait dans une boutique sous la forme de l'encore récent Cerruti Riviera, probablement une renaissance de mon si longtemps regretté Cerruti Classic. En l'essayant, le voyage dans le temps me fut si fulgurant que la vendeuse remarqua mon trouble. Je veux voir dans ce retour aux sources inattendu un symbole de la réconciliation de deux époques de ma vie.
Extrait du deuxième volume de mes carnets Sur un sentier recouvert (2016-2023).
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, Sur un sentier recouvert (506 pages) est en vente à la librairie Buffet d'Oyonnax, avenue Jean Jaurès, au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax et par correspondance sur Amazon ainsi que disponible au prêt à la médiathèque municipale d'Oyonnax. On peut le commander aussi en m'envoyant un mail à contact.ccottetemard@yahoo.fr
00:02 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, parfum, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, nino cerruti, littérature et parfum, cerruti classic, parfumerie, une heure pour soi, parfums italiens, italie, venise, ermenegildo zegna, nino cerruti riviera
02 septembre 2024
« On ne peut pas quitter une chose tant qu'elle ne s'est pas mise en travers de ton chemin. »
(Thomas McGuane à Jim Harrison)
23:27 Publié dans Alliés substantiels | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : blog littéraire de christian cottet-emard, thomas mcgguane, jim harrison, saint-michel, dragon, démon, christian cottet-emard, citation
22 août 2024
Vient de paraître
Heureux d'être au sommaire de ce numéro de la revue Instinct nomade dirigée par mon ami Bernard Deson avec une nouvelle, Feuilles mortes et pages décollées, et un texte tabagique De la fumée.
Présentation de l'éditeur :
Instinct nomade n°13 : "Des vies minuscules, écrire dans les marges de Pierre Michon" & "Bernard Sintès, la tentation de l'Orient"
La 1ère partie, intitulée Des vies minuscules, écrire dans les marges de Pierre Michon, pour fêter les 40 ans de la parution des Vies minuscules en 1984, rassemble 10 écrivains à qui nous avons demandé de faire le récit d'un destin extraordinairement ordinaire, de monter au Panthéon une vie de rien, de lui donner des majuscules.
Le dossier de ce numéro est consacré à Bernard Sintès qui vivait à Calcutta – et qui est mort par distraction un jour de décembre 2023 en Dordogne – méritait que l'on se penche sur son œuvre en grande partie inédite. En effet, de son vivant il n'a publié que 7 ou 8 recueils et l'essentiel de ses textes poétiques ont paru en revue. Cette absence de notoriété ne nous empêchera pas de tracer de lui un portrait aussi ambitieux que ceux des têtes d'affiche des numéros précédents. Il y a donc de nombreux inédits (poèmes, nouvelles, journaux de voyage, correspondance, essais), un appareil critique, des témoignages de proches et une iconographie abondante.
Pour les prochains numéros d'Instinct nomade nous alternerons un écrivain célèbre avec un "poète maudit". La revue jouera ainsi un rôle actif dans la sauvegarde d'une œuvre menacée de disparition.
Commande chez l'éditeur : 22 € + 4€ participation au port (chèque à l'ordre de Bernard Deson 619 rue Henri de Navarre 24130 Le Fleix ou paiement PayPal : bdeson@yahoo.fr)